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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 10:42

Bonjour à toutes et à tous,

Vous trouverez ci-dessous un compte rendu de la rencontre débat "les enfants et les écrans" du samedi 30 avril 2016. Nous posterons très rapidement la bibliographie ayant servie de source pour cette rencontre.

Vous trouverez dans ce compte rendu des conseils pratiques et quelques règles à respecter pour une utilisation des écrans réussie.

Bonne lecture

LES ENFANTS ET LES ECRANS

Qu'on le regrette ou non, les écrans font partie de la vie de nos enfants. Ils se sont multipliés ces dernières années et sont totalement intégrés à notre vie quotidienne. Les enfants d’aujourd’hui appartiennent à une génération "digital native", ils sont nés avec les écrans et internet.

Télévision, tablette ou téléphone, les écrans sont omniprésents. Comment aider son enfant à les apprivoiser? Comment faire en sorte qu'il n'en fasse pas un usage excessif.

Quels peuvent être les effets délétères des écrans sur la santé des enfants ?

Entre diabolisation et sacralisation du numérique, quels repères pouvons-nous nous fixer pour vivre en bonne entente avec nos enfants à partir d’un usage raisonné des écrans ?

Tout d’abord, rappelons-nous que toutes les nouvelles découvertes ont toujours suscité de l’appréhension avant d’être acceptées.

Il en va ainsi du passage de la culture orale à la culture écrite et aujourd’hui au numérique. Ce que nous ne maitrisons pas nous fait peur.

Si l'on fait un retour en arrière dans le temps, les mêmes inquiétudes sont apparues avec l’invention de l'imprimerie. Les craintes de l’époque étaient les mêmes qu’aujourd’hui : la crainte d’une perte des savoir-faire, de la mémoire et des connaissances....

L’immersion du numérique dans nos vies soulèvent donc beaucoup de questions et d’inquiétude : peur de l’agressivité, des troubles du comportement, de l’addiction… Ces craintes sont sous-tendues par certains medias qui véhiculent une image négative des écrans notamment sur les nouvelles dépendances.

Pour autant, tout n’est pas inquiétant dans le développement du numérique et des études ont démontré qu’il pouvait même être un excellent support dans les apprentissages. Comme toute chose, la médaille a son revers et nous envisagerons aussi ses aspects négatifs ou, du moins les points de vigilance.

S’il existe un débat idéologique entre deux cultures, celle du livre et celle du numérique, un équilibre est à trouver entre deux pôles opposés : l’une qui serait le tout interdit et l’autre un laisser faire total !

N’oublions pas que si l’homme a inventé le numérique, c’est sans doute parce que le livre ne répond plus à toutes nos attentes !

Plutôt que de les opposer, essayons de voir en quoi ils peuvent être complémentaires.

Interrogeons-nous également sur notre propre rapport aux écrans ; entre l’ordinateur, la télévision, le téléphone portable, les tablettes…quelle place leur accordons-nous dans notre vie quotidienne ? Au travail, à la maison, dans nos loisirs, choix de cadeaux etc. ? Les enfants qui passent le plus de temps devant les écrans ont des parents qui sont eux-mêmes grands consommateurs d’écrans.

Il serait illusoire de se fixer comme objectif la suppression des écrans de nos vies mais il convient d’en avoir un usage utile, non dangereux en l’adaptant à l’âge, aux niveaux et besoins de l’enfant.

Les conséquences sur la santé de l’exposition prolongée aux écrans

La lumière bleue émise par les tablettes affecterait la mélatonine, "l'hormone du sommeil", et donc notre horloge biologique. Deux heures d'exposition la font baisser de 22 % et entraînent des troubles du sommeil.

Une trop grande exposition aux écrans diminue le temps que les enfants passent à bouger au quotidien. En effet, l’utilisation des écrans se fait souvent au détriment des activités physiques et du jeu libre. Une étude a démontré que les enfants de 4 à 6 ans qui passent plus de 2 heures par jour devant un écran joueraient 30 minutes de moins à l’extérieur que les autres.

Ce qui contribuerait, entre autres, à augmenter leur risque de surpoids et d’obésité. A la réduction des dépenses physiques, Le temps passé devant les écrans s’accompagne généralement de nouvelles habitudes alimentaires : grignotage, sandwichs, sucreries, boissons sucrées….qui renforcent les risques de prise de poids.

A long terme, les risques à venir de maladies cardiaques, d'hypertension artérielle et de diabète, sont directement liés au temps d'écran.

Des troubles de la vision ne sont pas à exclure des risques liés aux écrans.

Les écrans n’ont pas que des impacts négatifs. Il ne faut pas en avoir peur mais plutôt apprendre à l’enfant à être à l’aise dans les deux mondes et l’aider à s’autoréguler. Pour cela l’information sur les risques est importante mais pas suffisante ; Il faut poser des règles d’utilisation adaptées à chaque âge et trouver des alternatives pour que l’enfant apprenne à s’en passer.

Les conséquences sur le développement social et moral

L’agressivité est une réponse normale de notre organisme face aux situations stressantes. Lorsqu’elle devient systématique, elle indique une difficulté ou en occasionne dans le rapport aux autres et à soi-même.

En ce qui concerne les écrans, les jeux ne transforment pas les enfants en criminels. Si un enfant est violent, il l’est pour d’autres raisons.

Toutefois la vision de scènes de violence agissent sur le psychisme et sur le comportement des enfants surtout lorsqu’elle n’est pas adaptée à ses capacités émotionnelles et de compréhension.

CE NE SONT PAS LES ECRANS QUI SONT NEGATIFS MAIS LE FAIT D’ETRE SEUL FACE AUX ECRANS.

Eduquer les enfants à l’utilisation des écrans

  • Un usage modéré et contrôlé
  • La règle "3-6-9-12 »

Proposée en 2007 par Le docteur Tisseron :

  • 3 Éviter le plus possible les écrans avant trois ans
  • 6 Pas de console de jeux personnelle avant six ans
  • 9 Accès à Internet à partir de huit-neuf ans accompagné d'un adulte
  • 12 Accès seul à Internet à partir d’onze-douze ans.

Les tablettes et autres jeux vidéo sont un complément et ne doivent pas se substituer aux livres, aux jeux et aux jouets.

Il est important de poser des précautions élémentaires sur : contrôle parental, accès limité à Internet, limitation de durée d'utilisation.

  • Dialoguer plutôt qu'interdire

Il est important que les parents s'adaptent aux nouvelles technologies pour rester en phase avec les jeunes et dialoguer. Les logiciels de contrôle parental sont nécessaires, mais ils fonctionnent moyennement et rien ne remplace le dialogue autour des écrans et la confiance - pour éviter notamment d'aller voir en cachette les sites que consulte l'enfant.

  • Connaître les points de vigilance

"L'apparition de somnolence, de difficultés de concentration, ainsi que la baisse des résultats scolaires doivent alerter les parents sur des usages nocturnes excessifs", Attention : des troubles du sommeil, une insécurité psychique, un esprit peu enclin à l'entraide ou à la coopération peuvent être causés par des images violentes.

Celles-ci n'ont pas le même effet chez tous les enfants, car certains s'identifient à l'agresseur, d'autres à la victime ou au sauveur. Il est donc important de respecter les âges indiqués sur les programmes et les jeux vidéo, de maintenir un dialogue familial et de valoriser la compassion ou la solidarité, autant de valeurs qui peuvent s'affaiblir face à la violence de certaines images.

COMPLEMENTS

Quelques conseils pour bien utiliser les écrans

  • Limitez l’utilisation des écrans afin que votre enfant fasse aussi de l’activité physique et d’autres types de jeux.
  • Décidez avec votre enfant (lorsqu’il est en âge de comprendre) des moments où il peut utiliser les écrans. Mieux vaut déterminer un moment précis et limité dans le temps plutôt qu’un peu tout le temps.
  • Si possible, débranchez les écrans et rangez-les quand ils ne servent pas. Hors de la vue, ils sont moins tentants.
  • Il est conseillé de placer les écrans dans une zone passante où il sera possible de comptabiliser facilement leur temps d’utilisation.
  • Il est déconseillé d’installer un écran dans une chambre d’enfant et de le laisser regarder la télévision avant d’aller au lit.
  • Il est déconseillé d’allumer la télévision durant les repas.
  • Éteignez la télé lorsque personne ne la regarde. Il a été démontré que le bruit de fond constant de la télévision nuit aux apprentissages de l’enfant.
  • Restez avec votre enfant quand il regarde la télévision. Vous pourrez ainsi lui expliquer ce qui pourrait l’inquiéter, répondre à ses questions ou simplement discuter avec lui de son émission pour que cette activité passive devienne interactive.
  • Laissez à votre tout-petit le plaisir de contrôler la télécommande quand vient le temps d’ouvrir et de fermer le téléviseur. Il prendra donc conscience tôt que cette activité a un début et une fin.
  • Essayez de montrer l’exemple en évitant d’allumer un écran dès que vous avez un moment libre.
  • Assurez-vous que les films, les émissions et les applications que vous destinez à votre enfant correspondent à vos valeurs et qu’ils ne comportent aucun acte de violence ni aucun personnage qui pourrait effrayer votre tout-petit.
  • Ne vous fiez pas uniquement à la mention « contenu éducatif » pour choisir une application, car il n’existe pas de norme à ce sujet.
  • Choisissez des applications qui encouragent les interactions sociales. Par exemple, certaines offrent la possibilité de réaliser un dessin à plusieurs ou encouragent à communiquer.
  • Testez les applications avant de laisser votre enfant les utiliser et regardez bien les options offertes. Vous découvrirez ainsi si le jeu convient à l’âge de votre enfant.
  • . Vous pouvez aussi télécharger des applications de contrôle parental comme POTATI.
  • Maintenez la luminosité des tablettes et des ordinateurs à 50 % afin, entre autres, de ne pas nuire au sommeil de votre tout-petit.

La règle 3-6-9-12

Ce repérage simple a été proposé par l'Académie américaine de pédiatrie : pas d'écran avant 3 ans, une heure par jour entre 3 et 6 ans, 2 heures entre 6 et 9 ans et 3 heures au-delà. Il s'agit du temps global d'écran : télévision, ordinateur, console, tablette, mobile...

3. Avant 2-3 ans : pas de télé !

Les écrans non interactifs comme la télévision et les DVD n'ont aucun effet positif pour les moins de 2-3 ans et peuvent surtout induire des conséquences sur plusieurs années, avec des retards scolaires, mais aussi "des prises de poids, des retards de langage, des déficits de concentration et d'attention ou des risques d'adopter une attitude passive face au monde". La publicité doit être proscrite, car son exposition brouille les repères de l'enfant..., qui peut devenir tyrannique vis-à-vis des parents ! Quant aux tablettes visuelles et tactiles, elles peuvent être proposées avec prudence aux plus jeunes pour accompagner leur développement sensori-moteur. Mais, attention, l'enfant doit d'abord mettre en place ses repères avec l'espace et le temps dans le réel, ce qui passe surtout par des interactions sensorielles : toucher, voir, entendre, bouger !

4. Entre 3 et 6 ans, ni console, ni tablette personnelle, ni journal télévisé

À cet âge, il est important d'inviter l'enfant à parler de ce qu'il voit sur les écrans. À partir de 4 ans, "les ordinateurs et consoles peuvent être un support occasionnel de jeu en famille, voire d'apprentissages accompagnés". Avant 6 ans, il est déconseillé de laisser l'enfant jouer seul, car son attitude peut devenir rapidement compulsive et il peut fuir le monde réel en se réfugiant dans les écrans. Enfin, du fait des images violentes, le journal télévisé est à proscrire.

5. Entre 6 et 12 ans, lui apprendre à s'autoréguler

Les avantages pédagogiques du numérique à cet âge sont réels. Ainsi, certains logiciels de lecture ou de calcul permettent des progrès lors de dyslexies ou de dyscalculies. C'est donc l'excès qui est nocif : il entraîne des carences en activités physiques, un isolement social ainsi que des risques accrus de troubles ultérieurs de la vision (myopie). C'est à cette époque que l'éducation à l'autorégulation s'acquiert et permet d'éviter les dérives à l'adolescence.

6. Adolescents : des règles claires sur le temps d'Internet et de jeu

L'adolescent a encore besoin des conseils, du dialogue et d'un certain contrôle, car sa maturation cérébrale n'est pas encore achevée. Parler avec lui de ce qu'il aime sur Internet, de ce qu'il voit et fait sur les écrans lui permet de développer un sens critique. À cet âge, bien utilisés, les écrans sont des alliés pour mieux former son esprit et son intelligence, et développer un cerveau plus exploratoire, rapide et déductif. Certains jeux vidéo développent l'attention visuelle, la concentration et la prise de décision rapide. Il faut être attentif aux jeux choisis et à la manière d'y jouer. Si l'adolescent joue avec ses amis, s'il crée par lui-même des images ou des films ou encore s'il désire exercer une profession liée au numérique, alors, sa relation aux écrans est tout à fait positive ! À l'inverse "l'usage trop exclusif d'Internet conduit à une pensée zapping trop rapide, superficielle et excessivement fluide, appauvrissant la mémoire et la capacité de synthèse personnelle". Quant aux réseaux sociaux, les adolescents les utilisent généralement à bon escient et ils peuvent être un vrai espace d'expérimentation, d'innovation et d'exploration tant sociale qu'individuelle. Il faut surtout les sensibiliser sur les dangers des traces laissées sur le réseau (commentaires, états d'âme, vidéos sur YouTube...). Elles les exposent en effet à un grand nombre d'interlocuteurs plus ou moins bien intentionnés.

Fabienne Robinet, pour l'association l'école et son quartier, 30 avril 2016

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